Il y a quelques mois, le gouvernement français entendait relancer l’intérêt des studios situés dans l’hexagone à rester à l’intérieur des frontières nationales au travers d’un réhaussement du crédit d’impôt. Cette fois-ci, c’est à l’échelle Européenne que la question du financement du jeu vidéo nous mène. Le programme de financement Europe Creative, dont le portefeuille contient 1,46 milliard d’euros destinés à soutenir le développement de certains projets, à été lancé en 2014 et commence à doucement se faire un nom. S’il concerne de manière générale « la culture et l’innovation », c’est son aspect vidéoludique qui nous intéresse ici.
En effet, ce ne sont pas moins de 31 studios de développement qui ont bénéficié, durant l’année en cours, d’une aide totale de 3,4 millions d’euros. Ces studios, de tailles et d’ambitions très variées ont été éligibles à cette aide au terme d’une sélection draconienne et parfois même un peu floue. Tout d’abord, les studios se lançant dans l’aventure d’un premier jeu ne peuvent pas prétendre au moindre sou, le programme Europe Creative posant comme condition première d’avoir développé et commercialisé un titre dans les deux ans précédant la demande de subvention. Parmi ces studios, on notera la présence de CD Projekt qui a obtenu 150.000 euros d’aide pour Blood & Wine, la première extension de The Witcher 3 soit 7% du coût total. Cela nous permet de savoir que la première extension, disponible courant octobre a coûté environ 2.142.900 euros au studio polonais. Voici pour satisfaire votre curiosité l’ensemble des studios ayant bénéficié de l’aide du programme Europe Creative
De fait, le programme Europe Creative ne prend pas trop de risques quant à l’argent « misé » sur les studios. Dans l’optique où un studio est déclaré éligible, le financement se sépare en deux catégories bien distinctes. D’une part, les jeux dont une version est présentée jouable peuvent recevoir jusqu’à 150.000 euros. De l’autre, les concepts jugés intéressants mais n’étant pas jouables peuvent prétendre à une somme comprise en 10.000 et 50.000 euros. Dans les deux cas, l’aide ne peut dépasser 50% du coût total de développement.
Plus subjectif, le genre de jeu fait également parti de l’équation. Seuls sont retenus les titres qui « présentent une interactivité et une composante narrative marquées ». A quel niveau de narration et d’interactivité peut-on estimer qu’un projet rentre dans le cadre du programme ? Seuls les décideurs semblent en mesure de le déterminer et cela peut prêter à discussion. Par conséquent, les titres qui ont été reçu sont majoritairement des RPG, des jeux de stratégie ou d’aventure. Mais ce n’est pas tout, puisque diverses orientations semblent également déterminantes dans l’attribution ou non des aides. Ainsi, les orientations éditées par Europe Creative sont les suivantes :
- Innovation et gameplay : 30%
- Stratégie de développement et potentiel d’exploitation européenne et internationale: 20%
- Stratégie de distribution et de commercialisation : 20%
- Qualité et originalité du concept et stratégie de financement de la production :10%
- Qualité de l’équipe : 10%
- Faisabilité : 10%
Si on comprend bien ce qu’il y a derrière les ambitions internationales et commerciales, il est en revanche beaucoup plus ardu de saisir le sens de « qualité de l’équipe » ou « faisabilité » et pose encore une fois la question de l’objectivité des critères de sélection des jeux.
Au final, si le projet Europe Creative à le bon goût d’exister, il reste néanmoins assez restrictif en terme de sélection et les contours des critères d’éligibilité sont parfois assez flous. Si ce projet vous intéresse au delà du jeu vidéo, vous pouvez aisément vous rendre sur le site du programme Europe Creative et télécharger les brochures détaillant l’ensemble du projet. Que pensez-vous de cette initiative, avez-vous des doutes ou êtes vous satisfaits de l’existence de ce fond ? N’hésitez pas à répondre dans les commentaires sous l’article et à diffuser ce dernier s’il vous a plu.