Kingdom Come : Deliverance est un jeu de rôle et d’action de type médiéval, en monde ouvert. Il a été pensé et dirigé par Daniel Vávra, le créateur des deux premiers Mafia (studio 2K Czech). Après avoir réuni une petite équipe en 2011, devenant par la suite Warhorse Studios, il part à la recherche d’investisseurs pour développer son projet. Il fera alors appel à la communauté de joueurs via une campagne sur Kickstarter en 2014. Celle-ci récoltera la coquette somme de 2 millions d’US $ pour près de 39 000 contributeurs.
Sept années après la création de Warhorse Studios, voici que Kingdom Come : Deliverance sort enfin. Il est aujourd’hui temps de tester ce jeu qui a suscité autant d’intérêt de la part des joueurs. Et pour cause, « KCD » a déjà conquis plus d’un million de joueurs durant sa première semaine d’exploitation.
Fiche technique
- Date de sortie : 13 février 2018
- Style : Jeu de rôle d’action (Action RPG), Aventure
- Classement ESRB/PEGI : ESRB E 17+ / PEGI 18
- Développeur : Warhorse Studios
- Éditeur : Warhorse Studios
- Langue d’exploitation : Français et anglais. Joué en VF.
- Disponibilité : PlayStation 4, Xbox One et PC
- Test : sur PC avec la version 1.25 (patch 1.3 en cours)
- Prix lors du test : 71,99$ CA, 49,99 €
- Site officiel
« La Bohème, ça ne veut plus rien dire du tout… »
Kingdom Come : Deliverance se déroule au XVe siècle dans le Royaume de Bohème, alors joyau du Saint-Empire romain germanique. Ce royaume couvrirait aujourd’hui l’actuelle République Tchèque, terre réputée pour ses reconstitutions médiévales et hôte de Warhorse Studio.
À la mort de l’empereur bien-aimé Charles IV, l’Europe centrale est en proie à de nombreuses instabilités. Le roi Sigismond de Hongrie, l’un de ses fils, va profiter du chaos qui y règne. Pour cela, il va disputer le trône à son demi-frère Venceslas, héritier naïf et sans ambition.
C’est dans ce contexte de tensions politiques que notre aventure, celle d’Henry, un fils de forgeron, démarre. Notre personnage se retrouve malgré lui mêlé à une guerre fratricide le forçant à l’exil après l’attaque de son village par les mercenaires du cruel Sigismond, commandés par un mystérieux personnage. Henry se met alors au service d’un homme bien déterminé à résister à l’envahisseur, le Seigneur Radzig Kobyla. Et Henry est bien résolu à venger la mort de ses parents assassinés par le commandant de l’armée de Sigismond. Le seul hic, c’est que votre personnage ne sait pas se battre, et il a tout à apprendre.
Un gameplay riche et pointilleux
Ici, point de dragons et autres griffons qui foisonnent dans les clairières de Skyrim ou The Witcher 3. Le jeu de Warhorse Studios se veut réaliste et historique. Et je dois dire que j’ai beaucoup apprécié ce parti pris certes risqué, mais courageux. Et le réalisme ne s’arrête pas à l’absence de créatures fantastiques. Il se fait sentir dans la moindre mécanique de ce jeu, et c’est ce qui le rend si plaisant.
Ainsi, vous aurez à composer avec la gestion de la faim, de la fatigue et de la santé. Les deux premières sont plutôt aisées à gérer. La nourriture, bien que périssable si elle est gardée trop longtemps dans votre inventaire, se trouve très facilement. Pour la fatigue, de nombreux camps et auberges parsèment la campagne de Bohème pour vous permettre de vous reposer, et plus important, de sauvegarder. Par contre, la gestion de la santé peut s’avérer plus complexe. Une simple chute d’échelle et l’on peut se retrouver avec une blessure nécessitant des soins et des bandages. Si vous perdez trop de sang, vous mourrez, c’est aussi simple que cela. Mais panser vos plaies, ne vous fera pas recouvrer tout votre santé pour autant. Et je dois dire que j’aime vraiment cette mécanique de jeu à l’encontre de la tendance des titres trop faciles dictée par le « casual gaming ».
D’autres aspects du gameplay nous montrent le souci du réalisme apporté par l’équipe de Warhorse Studios. Aussi, pour lire et acquérir de nouvelles compétences, votre personnage devra d’abord passer par l’apprentissage de la lecture. Apprenez les rudiments de l’alchimie et vous pourrez créer des potions de guérisons, ou le fameux Schnaps du Sauveur, un autre mode de sauvegarde du jeu. Idem pour la nage, le vol à la tire, le crochetage, l’équitation, et j’en passe.
Éloquence, charisme et intimidation
Développez votre éloquence et votre charisme, et vous pourrez plus facilement soutirer des informations pour avancer dans l’aventure sans avoir à utiliser la force. Et là où le réalisme est poussé à l’extrême, c’est que l’habillement et l’hygiène jouent un rôle capital. Pour être crédible face à la bourgeoisie, mieux vaut être propre et se vêtir élégamment. Rarement je n’ai vu un jeu aussi pointilleux sur les détails. Tout ceci offrant une impression de réalisme très plaisant.
En revanche, si le verbiage n’est pas trop votre tasse de thé, vous pouvez intimider votre interlocuteur, pour cela, portez de préférence une armure et une épée à la taille. Cela va sans dire, mais on n’impressionnera pas grand monde vêtu en mendiant. Et si cela échoue, attendez-vous à devoir croiser le fer.
Un système de combat immersif
D’ailleurs, parlons-en du système de combat. Bien que j’ai pu le trouver complexe et brouillon dans les débuts, il s’avère être vraiment plaisant à mesure que l’on maîtrise les mécaniques d’esquives et de contres. Et là, les combats peuvent devenir vraiment jouissifs. Mais pour maitriser l’art du timing, il faudra vous entraîner. Pour ce qui est du tir à l’arc, l’absence de réticule demande une bonne dose d’entraînement pour le maîtriser. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié m’entraîner en chassant le lièvre et le cerf dans les forêts denses de Bohème. Mais faites attention, la chasse est réservée au seigneur qui est propriétaire des terrains, et tout produit chassé sera considéré comme un vol. Quand je vous disais que le jeu était pointilleux sur les détails…
Une réalisation ambitieuse, pas exempte de défauts
Nous l’avons déjà évoqué, le scénario est centré sur la quête de vengeance de Henry, suite à l’attaque des mercenaires Coumans. Ainsi, la quête principale aura pour fil rouge la recherche du chef de l’escouade de mercenaires. Au cours de son aventure, il rencontrera de nombreux personnages qui l’aideront dans sa quête. Pour cela, comptez au minimum 30 à 40 heures de jeu.
De nombreuses quêtes secondaires parsèment la campagne de Bohème. Que ce soit dans les villes et villages ou durant vos trajets, elles viendront ajouter une plus grande durée de vie à ce jeu. Et ici, on ne parle pas de quêtes « fedex » vous forçant à vous balader d’un bord à l’autre de la carte à la recherche d’objet. Les différentes quêtes que j’ai eu à traiter se sont toutes montrées variées et passionnantes à jouer. Et il m’en reste encore beaucoup à explorer. Pour se repérer dans ce vaste monde ouvert aux quêtes abondantes, une magnifique carte a été réalisée dans le style pictural de l’époque. Bien que très belle, je l’ai trouvé brouillonne par moment. Au final, comptez une centaine d’heures minimum pour finir la quête principale et celles annexes. Le jeu possédant un système de choix ayant de réels impacts, il possède donc une bonne rejouabilité.
L’esthétique du jeu est vraiment agréable. J’ai pour ma part, adoré la richesse et la densité des environnements forestiers qui fourmillent de détail. Certains jeux de lumière sont réellement beaux. Le jeu est plutôt joli, sans être une claque pour autant. Certaines textures flattent l’œil, et de nombreuses autres, beaucoup moins…
Les personnages sont plutôt bien modélisés quoiqu’un peu inexpressifs, et les voix françaises de bonne facture. Dommage que la synchronisation voix/lèvres soit totalement à côté de la plaque. L’environnement sonore est agréable et les musiques discrètes, mais agréables.
« Oh my bogue ! »
Parlons maintenant d’un sujet qui fâche. Bien que le fond de « KCD » soit excellent, de nombreux bugs viennent jouer les trouble-fête. Le patch de 23 Go lancé le même jour que sa sortie peine à corriger la grande quantité de bugs du jeu. J’ai eu l’impression de jouer à un jeu à qui il manquait encore quelques mois de développement, et c’est vraiment dommage.
Au programme, une optimisation à la rue qui fait ramer même la plus puissante des bécanes. Même constat sur consoles, bien que la PS4 Pro et la Xbox One X semblent mieux s’en sortir que leurs petites sœurs, des chutes de framerates sont à prévoir. On peut rajouter un retard d’affichage des textures, très agaçant. Des changements de langues dans les voix et dans les propositions de choix. Une synchronisation voix/lèvres à la ramasse. Des temps de chargements trop longs. Un système de sauvegarde trop punitif. Bref, il y a encore beaucoup de choses à corriger.
L’Histoire avec un grand H
Terminons par un point positif. Sur le plan historique, les développeurs ont réalisé un travail impressionnant. Outre, la situation politique réelle dans lequel est ancré le scénario, tout l’environnement a été pensé pour le rendre authentique. De l’ambiance de la campagne de Bohème jusqu’aux armures, en passant par les châteaux, les écussons et les armes. Nous pourrions discuter des heures durant, des nombreuses entrées du Codex qui nous en apprennent plus sur la vie au Moyen-Âge. Même les détails les plus futiles ont été pris en compte. Vous retiendrez par exemple que jadis, les carottes étaient jaunes et que l’hygiène était bien meilleure qu’on ne le pense. Bref, tout a été pensé pour livrer un jeu historiquement crédible.
Conclusion
Il y a encore énormément de choses à dire sur ce jeu, tant il apparait riche dans son contenu et son gameplay. Bourré de qualité, mais loin d’être exempt de défauts, Kingdom Come : Deliverance se révèle aussi agréable que frustrant. Ainsi, les nombreux bugs pourront venir ternir votre expérience de jeu. Tout dépend de votre capacité à en faire abstraction. Si comme moi, vous pouvez oublier ces défauts, le jeu vous procurera de nombreuses heures de plaisir. Sinon, je vous conseille d’attendre quelque temps encore, afin que les différents correctifs viennent améliorer l’ensemble. Mais assurément, ce jeu mérite qu’on s’y attarde. Et à mon avis, il restera dans les mémoires.