Test de Dark Souls II de From Software sur Xbox 360

Dans le paysage vidéoludique d’aujourd’hui, beaucoup d’éditeurs et développeurs suivent certaines tendances, à tort ou à raison, afin de contenter le plus grand nombre de joueurs possible. Néanmoins, il arrive parfois qu’un studio décide d’aller à contre-courant de ces tendances, et From Software en fait partie.

En 2009 et 2010, le studio livre au Japon, en Amérique et en Europe l’une des expériences les plus innovantes mais difficiles de la 7e génération : Demon’s Souls, un jeu Action-RPG sur PlayStation 3. Le game design est basé sur un principe simple : mourir pour mieux réussir. Le jeu bénéficia d’un accueil critique très favorable et d’un impressionnant « bouche-à-oreille », devenant alors un succès commercial.

En 2011, From Software réitère l’expérience avec Dark Souls, suite spirituelle de Demon’s Souls. Deux ans et demi plus tard, Dark Souls II sort de sa tanière pour emporter à nouveau les joueurs dans une spirale douloureuse dans laquelle ils plongeront avec plaisir.

La mort au centre du jeu

Dark Souls II est donc un Action-RPG qui prend place dans un monde sombre et fantastique. Comme dans la plupart des jeux du genre, vous personnalisez votre personnage (sexe, physique) et choisissez sa classe. En revanche, le choix de la classe n’est pas définitif, il s’agit plus d’une orientation de départ, car rien ne vous empêche de réaliser des choix complètement à l’opposé de celle-ci.

Dark Souls II ne bouscule pas les codes de la série. Le jeu repose toujours sur l’idée que, pour progresser, il faudra mourir. La mort est au centre du game design de la série, Dark Souls II n’échappant pas à la règle. Une règle d’autant plus vraie pour le joueur néophyte de la série. Les autres seront sur un terrain familier et reprendront vite leurs réflexes. Chaque ennemi rencontré représentera une épreuve et aucun ne sera à prendre à la légère.

C’est là que Dark Souls II révèle sa magie : vous allez mourir, mais vous accepterez votre destin sans frustration. Vous n’aurez pas été assez prudent, ou peut-être que vous n’aurez pas utilisé la bonne approche. Dark Souls II pousse donc le joueur dans ses derniers retranchements afin qu’il exulte lorsque provient le moment où il vaincra le boss tant redouté. Tout est fait pour faire paniquer le joueur devant ces derniers : de la mise en scène en passant par la musique jusqu’à leur taille, qui n’est pas nécessairement représentative de leur difficulté.

Dark Souls II- From Software

Les ennemis ne seront pas les seuls dangers. Il vous faudra être prudent lorsque vous explorerez le monde du jeu, les zones pouvant regorger de pièges. De plus, il faut savoir que le niveau des ennemis n’est pas défini en fonction du joueur; par conséquent, il faudra être prudent lorsque vous arriverez dans une nouvelle zone sous peine de vous faire complètement écraser par l’ennemi le plus faible de celle-ci!

Lorsque vous vaincrez un ennemi, vous récolterez un certain nombre d’âmes. Celles-ci sont essentielles à la progression du jeu, car elles servent aussi bien à augmenter de niveau qu’à acheter de l’équipement ou à le réparer. Et c’est là que la mort révèle toute sa cruauté. Lorsque vous mourez, vous laissez une trace de sang à l’endroit de votre mort, avec les âmes que vous n’avez pas utilisées, et si vous mourez à nouveau avant d’avoir récupéré ces âmes, elles seront à jamais perdues.

Dark Souls II- From Software 1

Le level design du jeu est toujours aussi bien réalisé. Les zones, plus grandes, donnent un sentiment d’espace nouveau pour la série. En contrepartie, le level design est moins tortueux. Des aménagements ont été faits en ce qui concerne la difficulté. La mort est plus punitive, mais les feux (zones de sûreté servant de check point) sont plus nombreux.

Si vous mourez trop de fois dans une même zone, les ennemis finiront par ne plus réapparaître systématiquement. D’un autre côté, le farming (pratique qui consiste à passer du temps dans une zone à récolter de l’expérience) est limité de la même manière. Dark Souls II réussit donc à trouver un équilibre tout aussi bon que les précédents épisodes, tout en le dosant différemment.

Dark Souls II- From Software 2

Pour terminer sur les mécaniques du jeu, il me faut revenir sur le mode multijoueurs. Il s’agit d’un élément très important de la série, puisqu’il a fortement contribué à son succès. Le principe reste inchangé : lorsque vous jouez en ligne, vous pourrez voir sur le sol des messages laissés par d’autres joueurs. Les taches de sang vous montreront la mort des joueurs à qui elles appartiennent. Enfin, vous pourrez recourir à des marques d’invocations pour faire appel à d’autres joueurs, ou bien les utiliser pour envahir leur monde dans le but de les vaincre. Le mode multijoueurs est toujours aussi efficace, original, bien pensé et parfaitement intégré au game design.

Une technique vieillissante mais mieux optimisée

À présent, parlons un peu de l’aspect technique. Dark Souls II ne brille pas par ses graphismes, loin de là. Ils sont vieillissants et ils n’ont guère évolué depuis l’épisode précédent. Néanmoins, des efforts ont été faits concernant l’optimisation du moteur graphique. Une fois le jeu installé sur le disque dur de ma Xbox 360, je n’ai constaté aucune chute de framerate (ou IPS, images par seconde). Il s’agit vraiment d’un point à soulever, tout particulièrement pour un jeu comme Dark Souls II. Les animations ont également été améliorées, le résultat est plus crédible, plus agréable à l’œil. Pour résumer, je dirais que visuellement le jeu n’a pas évolué, mais que le tout est beaucoup plus agréable à l’œil, notamment grâce à ce gain de fluidité.

Une direction artistique et un univers sombre au service de l’immersion

L’interface du jeu, quant à elle, est toujours aussi rigide. Pour les habitués de la série, il n’y aura aucun souci, mais pour les nouveaux venus, un temps d’adaptation sera nécessaire. La maniabilité du jeu ne laisse aucune place à l’erreur. Chaque type d’armes possède ses animations, sa portée. Maîtriser une arme demandera du temps aux joueurs, pour une satisfaction toujours grandissante, trouvant son apogée quand le joueur sera capable de vaincre n’importe quel ennemi avec son arme fétiche.

Artistiquement, le jeu est toujours aussi travaillé. La direction artistique est sombre, riche, regorge de détails qui nous permettent d’imaginer l’histoire de ce monde. Les différentes zones du jeu ont chacune leurs propres univers visuels, tout en restant dans la thématique. En effet, inutile de chercher des environnements féériques comme on peut en trouver dans Child of Light. Chaque lieu, chaque ennemi, chaque personnage semblent avoir une histoire. L’immersion n’en est que plus grande pour les joueurs, d’autant plus s’ils ont terminé les précédents épisodes de la série.

Dark Souls II- From Software 5

J’en arrive à la dernière partie importante de Dark Souls II : l’immersion dans son univers, son histoire et sa narration. Comme je le disais plus tôt, la direction artistique de Dark Souls II est si riche qu’elle donne vie au monde du jeu. On se plaît à imaginer l’histoire de chaque lieu ou de chaque ennemi, et les personnages que l’on rencontre sont tous très mystérieux. Ces derniers ne partagent jamais toute leur histoire, mais en disent suffisamment pour que le joueur puisse cerner leurs personnalités et comprendre ainsi la motivation qui les anime.

L’histoire de Dark Souls II n’est pas à proprement parler très originale, elle est même assez semblable à celles de Dark Souls et de Demon’s Souls. Mais c’est là que repose toute la force de la narration. On a l’impression que les histoires se répètent devant nous, sans savoir si elles sont toutes connectées ou destinées à se répéter à l’infini.

Il est impossible de savoir exactement ce qu’il se passe, car les détails de l’histoire ne nous sont pas connus et c’est aux joueurs de les deviner, ou de les imaginer. Il s’agit pour moi d’un formidable sentiment. Le jeu dispose de très peu de cinématiques, la majeure partie de la narration est réalisée par le joueur. L’histoire se construit autour des nombreuses épreuves qu’il va traverser, des nombreuses morts qu’il va endurer, des personnages qu’il va rencontrer. Le joueur est donc un acteur clé de la narration, et non un simple spectateur.

Tous ces éléments tendent à faire de Dark Souls II un jeu tout aussi unique que ces prédécesseurs. Il ne révolutionne en rien la série, mais c’est peut-être parce qu’il n’en a pas besoin. Dark Souls II n’est pas un jeu rétro, bien au contraire, son système de jeu millimétré et juste, son mode multijoueurs parfaitement intégré, et sa narration particulière en font un jeu moderne, tout autant que les précédents jeux « Souls ». Ces jeux sont pour moi des classiques, car ils ont apporté des éléments d’innovation aux jeux vidéo.

Dark Souls II est une expérience totale et à part entière qui ne vous laissera pas indifférente, si tant est que vous ayez la volonté de le dompter. Il ne reste plus qu’à attendre un éventuel Dark Souls III, ou un certain Project Beast, du même studio, dont les premières images renvoient sans hésitation à un jeu « Souls ».

 

Test de Dark Souls II de From Software sur Xbox 360
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    Les points positifs :
  • Un game design toujours aussi bien pensé
  • Univers sombre et mystérieux
  • Une belle direction artistique
  • Des animations et un moteur graphique mieux optimisés
    Les points négatifs :
  • Level design moins tortueux
  • Des graphismes vieillissants
  • Il manque quelques boss marquants
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8.5