Il y a maintenant quelques semaines sortait Tomb Raider Definitive Edition, et je l’avoue, j’ai été une victime. Oui, une victime du croisement d’une campagne marketing visiblement efficace et du désert vidéoludique qui sévit (pour l’instant) sur PS4. Comme vous pourrez le lire dans l’article ci-dessous (écrit en mars 2013, à la sortie de l’édition PS3), j’ai apprécié le jeu, et je ne cache pas que j’ai eu envie d’y jouer une nouvelle fois. Néanmoins je ne croyais pas réellement au lifting Next Gen, jusqu’à ce que je vois plusieurs vidéos (Je sais, je suis une grosse victime…) comparant les versions normales et « Definitive », c’est pourquoi je me suis laissé tenter.
Le test qui va suivre est une mise à jour d’un test sorti sur mon blog en mars 2013. Il reflète encore aujourd’hui ce que j’ai aimé et ce que je reproche au jeu. Quelques éléments ont été rajoutés pour coïncider avec « la mise à jour » du jeu.
Mais parlons du jeu ! Passons rapidement sur l’histoire : Lara, à 21 ans, recherche, avec une équipe d’aventuriers et d’archéologues, l’empire légendaire de Yamataï, sorte d’empire Japonais qui se serait étendu jusque dans le Pacifique. Sur un coup de génie (parce que quand même c’est Lara Croft), Lara dirige l’expédition et son navire vers une île. Seulement, une tempête fracasse le bateau et toute l’équipe se retrouve naufragée sur ce caillou au milieu du Pacifique.
Dans un jeu vidéo, ce que j’attends avant tout, c’est une bonne histoire, et surtout une bonne ambiance. Le gameplay vient presque après tout ça, tellement jouer n’est à mes yeux qu’un moyen de faire avancer le film qui se déroule devant mes yeux !
A la croisée d’Uncharted, de Resident Evil 4 et de The Descent : une ambiance loin des histoires gentillettes des anciens Tomb Raider
Pour résumer, dans Tomb Raider, l’ambiance est bien là, mais pas l’histoire. Je m’explique ! L’ambiance est bien là parce que, en totale rupture avec les anciens Tomb Raider, cette aventure est sale, mais vraiment sale, voir malsaine à certains moments. Que ce soit les mises à mort de Lara, le côté cradingue et fou des ennemis (d’autres naufragés, plus anciens), ou l’atmosphère franchement dérangeante de certains passages (« The Pit » est définitivement un endroit charmant), l’ambiance transpire la folie, le gore et la saleté. Lara sera d’ailleurs 80% du temps recouverte soit de sang, soit de terre, ce qui rend particulièrement bien (dans le sens « réaliste » hein…) avec les textures de la Next Gen.
Bref, c’est sale, c’est (très modérément) flippant, mais c’est surtout dérangeant à certains moments (Sérieusement, cette ile est recouverte de cadavres…). N’étant pourtant pas un grand adepte de ce genre d’ambiance, là j’ai vraiment apprécié la rupture avec le passé un peu trop gentillet des Tomb Raider. La Direction Artistique a clairement été travaillée, et c’est une chose qui est trop rare dans ce genre de jeux. Les influences de ce Tomb Raider sont d’ailleurs très nombreuses, de « The Descent » à Resident Evil 4 et 5, en passant par Uncharted, Rambo et j’en passe ! Il y a bien sûr ce petit plus surnaturel des légendes à la Uncharted ou à la Indiana Jones que j’adore. Au final l’ambiance aura été une bonne surprise car vraiment en rupture avec ce que nous connaissions chez un Tomb Raider.
Une histoire décevante et traitée trop légèrement
Je ne pourrais pas en dire autant de l’histoire. La campagne de com comme nombre de tests, nous avaient vanté « les premiers pas de Lara » ou la « naissance d’une survivante ». Eh bien, un peu comme dans Far Cry 3, le héros commence par en prendre plein la tête, et flippe pendant les premiers combats. Ce qui ne l’empêche visiblement pas de devenir 2h plus tard une machine de guerre qui à la fin du jeu a commis un génocide sur l’île…
Ce qui est probablement le seul gros problème de ce Tomb Raider est là : l’Histoire est suffisamment intéressante pour vouloir avancer…mais ça s’arrête là. Le tout est désespérément cliché, à commencer par les persos secondaires, du marin écossais « qui a grandi à Glasgow », à la fille hargneuse en passant par l’archéologue foireux qui sent le salopard à 50m… Et je ne parle pas du bad guy (Matthias) qui m’a lourdement fait pensé au vilain de Resident Evil 4.
Bref, il y a un fond intéressant sur la légende de Himiko, la reine de Yamataï et sur le gros problème de météo de cette île, mais même ça est très vite expédié. Même le personnage de Lara n’est pas bien amené. Alors ok, je surkiffe le petit accent anglais et la voix de Camilla Luddington (son jolie minois n’est probablement pas étranger à ce parti pris…), mais le personnage reste assez fade.
La fin reste très WTF : Lara vient de tuer environ 700 personnes en traversant l’île (n’importe qui serait légèrement « sous le choc ») et la fille VEUT RECOMMENCER… Bref l’histoire est une déception, dommage, j’attendais beaucoup de Tomb Raider sur ce côté là.
Un gameplay sans surprise mais dont l’inspiration Unchartedesque apporte une bouffée d’air frais à la saga
Manette en main, on retrouve vraiment l’énorme influence d’Uncharted. Les sauts sont souples, simples, impressionnants. Les gunfights sont grisants, nerveux, et bien gérés. Chapeau pour le système de couverture automatique qui marche plutôt bien, alors qu’il était pourtant la porte ouverte à tous les bugs. Globalement, on peste rarement (voir jamais) contre une maniabilité foireuse, et on prend beaucoup de plaisir à jouer. Le jeu est exemplaire aussi en termes de rythme : On alterne assez efficacement les phases d’exploration-balade et les phases d’actions. On regrette néanmoins la simplicité et la brièveté des tombes (pas) cachées qui font penser que les développeurs se sont rendus compte à 6 mois de la fin que…il n’y avait pas de tombes dans leur Tomb Raider…
S’il s’inspire d’Uncharted, le gameplay va quand même plus loin que son modèle. La customisation des armements sert à quelque chose, et les points de compétences que l’on distribue pour faire évoluer les compétences de Lara ne sont pas tous débloqués à la fin (pas comme dans Far Cry 3…). Le gameplay de Tomb Raider est ainsi suffisamment approfondi pour être plus profond qu’un Uncharted, sans que cela soit intrusif ou artificiel. Il y a un côté Batman Arkham Asylum dans l’utilisation des différents équipements (récupérer une corde permettra de faire de lancer des flèches cordées, etc…), mais aussi dans la semi-liberté qui est offerte au joueur (zones bien plus ouverte que dans un Uncharted). Après tout ça, reste la chasse qui réussi l’exploit d’être encore plus inutile que dans AC III (oui, il fallait le faire).
En termes de gameplay, ce que je retiens de ce Tomb Raider Definitive Edition, c’est qu’il n’invente absolument rien, qu’il s’inspire de ce qui se fait de mieux, mais que ce qu’il fait, il le fait bien. A la manière d’un Uncharted, le jeu donne l’impression que s’enfuir d’un palais en flamme qui est en train de s’effondrer, c’est PEANUTS. C’est toujours aussi efficace, même si ça existe déjà, et ça dynamise les Tomb Raider qui ont toujours été marqués par une certaines rigidité niveau gameplay.
Des graphismes plutôt beaux à l’origine, et sublimés par la Next Gen
Attardons-nous sur l’argument principal de la version Next Gen, à savoir les graphismes retravaillés. Le jeu d’origine est déjà plutôt beau, soyons franc. Une bonne animation, de beaux paysages, et de belles textures. Clairement, le principal intérêt de cette Definitive Edition réside dans le travail qui a été fait sur Lara. Cheveux, visage, peau, textures : de nombreux petits détails ont été perfectionnés.
Le résultat est finalement assez bluffant, du moins en ce qui concerne Lara. Son visage, mais aussi ses cheveux gagnent vraiment en réalisme, et les cicatrices ou les saletés (et dieu sait qu’il y en a !) sont très finement réalisées sur sa peau. Bref le lifting de Lara est une vraie réussite.
Le travail sur le décor est moins impressionnant. Plus de textures, et probablement plus de particules aident à se sentir dans des paysages quasi Next Gen, mais clairement le gap visuel n’est pas là.
Conclusion
Vraiment rafraichissant pour la série, le jeu n’invente pourtant pas grand chose, piochant ce qui se fait de mieux chez d’autres autant concernant l’ambiance que pour le gameplay. Mais là encore j’insiste, si rien n’est nouveau, ce qui est fait est bien fait, et à aucun moment cela ne nuit au plaisir de jeu.
La vraie question que tu te poses, toi lecteur, c’est « Moi j’ai déjà fait le jeu sur PS3, est-ce que ça vaut le coup de le refaire sur PS4 ? ». Ma réponse est non. Certes le modèle de Lara est très travaillé et les détails ajoutés montrent l’étendu de ce qu’on pourrait faire avec de la Next Gen, mais le jeu n’en est pas fondamentalement meilleur.
Très clairement, les autres « plus » de cette édition sont assez inutiles, que ce soit les nouvelles tenues de Lara (Super…), le contrôle à la voix et au pavé tactile (totalement dispensable) ou enfin les maps en plus sur le multi (déjà vu 100 fois). Par contre, si tu n’as jamais joué à Tomb Raider et que tu as une PS4, dans ce cas, fonce ! Tu auras entre tes mains la version la plus aboutie d’un très bon jeu d’aventure dans la droite ligne des Uncharted.